Image : Ellen Joncheere, PDG de HRD Antwerp

Une enquête judiciaire est en cours contre HRD Antwerp, une entreprise qui délivre des certificats pour les diamants. C’est ce qu’écrit le quotidien économique De Tijd.

HRD Antwerp est une entreprise du district diamantaire d’Anvers qui évalue les diamants en fonction de quatre caractéristiques : le poids (le nombre de carats), la clarté, la couleur et la façon dont la pierre est taillée. L’évaluation des diamants par HRD Antwerp a donc un impact majeur sur le prix qu’une entreprise peut demander pour ses diamants. Le classement est effectué dans des laboratoires situés à Anvers, à Dubaï et à Mumbai, en Inde.

Avec les laboratoires américains GIA et IGI, HRD Antwerp compte parmi les plus grands « graders » du monde : des sociétés spécialisées auxquelles les négociants et les bijoutiers font appel pour s’assurer que les diamants qu’ils ont payés cher portent le certificat de qualité approprié.

Une enquête judiciaire sur la société est en cours. La question centrale est la suivante : HRD Antwerp attribue-t-elle intentionnellement des notes trop favorables pour complaire à ses clients, et commet-elle une fraude en agissant de la sorte ? La plainte a été déposée par HRD Istanbul, un ancien partenaire de HRD Antwerp. En 2019, HRD Istanbul aurait appris que plusieurs milliers de pierres avaient été surévaluées par la succursale de HRD à Mumbai. Un rapport d’audit interne, rédigé en septembre 2019, aurait fait état d’une « différence significative » dans les résultats d’évaluation entre Mumbai, d’une part, et Anvers et Istanbul, d’autre part. En 2021, HRD Anvers et le partenaire turc se sont séparés après de nombreuses discussions.

Selon De Tijd, des documents ayant fait l’objet d’une fuite révèlent notamment que HRD Antwerp a déjà été exclu du International Diamond Council (IDC) en juillet 2017, l’organisme qui fixe des normes internationalement reconnues pour déterminer la valeur des diamants de la manière la plus uniforme possible dans le monde entier. L’IDC ne pouvait plus accepter les procédures plus clémentes que HRD Antwerp aurait utilisées. Pourtant, HRD Antwerp a continué à affirmer dans ses communications externes jusqu’en 2021 qu’elle analysait les pierres selon les règles internationales de l’IDC.

Les documents divulgués donnent également un aperçu des procédures internes utilisées par HRD Antwerp pour certifier les diamants.

Ellen Joncheere, PDG de HRD Antwerp, explique à De Tijd qu’il n’existe pas de norme d’évaluation uniforme et internationalement reconnue pour les diamants et que HRD Antwerp s’efforce de faire preuve d’une objectivité maximale dans son évaluation. Elle ajoute qu’aucun autre client n’a jamais déposé de plainte contre l’entreprise.

Plus d’infos sur Ellen Joncheere

Pour le grand public, Joncheere est surtout connue comme la femme qui a loupé un poste de haut niveau à la SNCB (Société nationale des chemins de fer belges) en raison d’une ambiguïté dans son curriculum vitae. Celui-ci aurait mentionné qu’elle était titulaire d’un diplôme universitaire alors qu’elle ne l’était pas. Selon Mme Joncheere, la faute en incombe au chasseur de têtes Egon Zehnder, qui avait envoyé une version incorrecte de son CV au gouvernement Di Rupo de l’époque.

« Je suis un enfant de disruptions« , a résumé sa carrière Mme Joncheere, il y a quelques mois, dans une interview sur la chaîne YouTube du détaillant arabe Damas. « Chaque fois que j’ai commencé dans une entreprise quelque part, c’était dans un environnement de marché qui changeait complètement. » Mais à HRD Antwerp, selon certains observateurs, Joncheere vient d’entrer dans un monde où beaucoup veulent bloquer le changement autant que possible.

« Les négociants, les bijoutiers, … en fait tout le monde dans le secteur a intérêt à ce que l’activité de classification reste organisée comme elle l’est« , déclare un observateur qui souhaite garder l’anonymat. « Il est possible que Joncheere se soit laissé berner en tant qu’outsider : parce que tout le monde dans le secteur lui a dit que c’était ainsi que fonctionnait l’activité de classement, elle a peut-être commencé à jouer le jeu. On peut se demander si ce qui se passe chez ces certificateurs est normal« .