« Innovation is like teenage sex: everyone talks about it, nobody really knows how to do it, everyone thinks everyone else is doing it, so everyone claims they are doing it. »

Originellement à propos du “Big Data”, cette citation s’adapte pourtant admirablement à l’innovation. Pour preuve, l’innovation est devenue la valeur d’entreprise la plus répandue depuis 2013, après être longtemps restée derrière la “Qualité”. Cela montre au moins une chose : les entreprises établies prennent conscience que l’innovation est un élément indispensable de leur succès.

Rien de plus normal, me direz-vous, à une époque où l’on parle quotidiennement d’ubérisation et de disruption. Et vous avez raison. Pourtant, l’innovation n’a rien d’un phénomène nouveau ! Alors pourquoi cette urgence soudaine d’innover ? Qu’est ce qui a changé depuis 50 ans ? Commençons par répondre à cette simple question : pourquoi les entreprises doivent-elles innover ?

#1 Les entreprises meurent. L’innovation les sauve

L’innovation n’est pas un phénomène nouveau. Il serait d’ailleurs absurde de considérer que le XXIème siècle, avec l’essor du numérique, a le monopole de l’innovation. Depuis toujours l’Homme a innové, et, au départ, principalement dans le but d’assurer sa survie. La maîtrise du feu à partir de -400 000 ans, la naissance de l’agriculture vers -10 000 ans puis l’invention de la roue vers -4 000 ans ont par exemple grandement participé à la survie de l’espèce humaine.

Et pour les entreprises alors, innover, ça sert à quoi ? C’est simple. L’enjeu reste le même : la survie. Ou a minima, le maintien d’une position de leader.

L’innovation, ou plutôt le manque d’innovation, conduit donc naturellement les entreprises établies à disparaître. De nouvelles entreprises, au contraire, s’épanouissent dans leur sillage… et accélèrent la disparition des premières.

#2 Une ère d’innovation intensive

Simplement parce que le rythme de l’innovation s’est intensifié, et ce de deux manières :

  • L’innovation est aujourd’hui beaucoup plus rapide
  • Elle est aussi beaucoup plus radicale

Le croisement de ces deux tendances a pour conséquence une augmentation des risques de “disruption” (ou des opportunités de disruption, selon le point de vue). Les spécialistes de l’innovation appellent cela une ère d’innovation intensive.

Dans cette nouvelle ère du capitalisme, l’amélioration continue des produits ou services actuels, l’innovation dite incrémentale, ne garantit plus la survie des entreprises. Elle est, et restera, une activité indispensable, en revanche elle ne permettra jamais de se protéger ni d’anticiper des “disruptions” toujours plus fréquentes et violentes, quel que soit le secteur.

Alors on fait quoi ?

#3 Keep calm and carry on innovate. NOW !

On s’outille, et rapidement, car il y a bien urgence ! Cette ère d’innovation intensive crée des opportunités nouvelles chaque jour avec des gains potentiels considérables : les fameuses innovations disruptives. Et les start-ups ne sont pas les seules à pouvoir les saisir ; les grands groupes aussi.

Passons en revu de quelle façon l’innovation se concrétise dans notre metier, celui du diamant.

Innovation dans le secteur minier

Le secteur minier a toujours été source d’innovation, cherchant à assurer plus de sécurité et d’efficacité et à aborder de façon sérieuse les questions environnementales. Parmi les nombreuses mesures engagées par les sociétés minières partout dans le monde, certaines ont eu des conséquences radicales pour le secteur. En voici quelques-unes…

1) Rio Tinto a adopté des camions lourds autonomes qui fonctionnent 1 000 heures supplémentaires, avec 15% de charge en moins et un coût unitaire de transport inférieur à celui des camions traditionnels. Près de 20% de la flotte actuelle, composée à Pilbara d’environ 400 camions lourds, sont équipés de systèmes d’autonomie (AHS). De plus, Rio Tinto est à la pointe pour repenser la gestion des sites miniers. La société en a incité plusieurs autres à s’intéresser aux systèmes de transports ferroviaires lourds automatisés.

2) Actuellement, le minerai de la mine Star Diamond en Afrique du Sud est déblayé à la main, ce qui demande beaucoup de main-d’œuvre et de temps. Cela devrait changer pour un procédé de jet haute pression qui réduira les coûts et le temps nécessaires pour extraire le matériau et préservera le produit lors de la gestion des grosses pierres. Grâce au jet haute pression, la société pense qu’il est possible d’accroître le grade extrait, passant de 40 cpht (carats par centaine de tonnes) à 55 cpht.
La mine Sedibeng en Afrique du Sud, qui est également gérée par Petra Diamonds, fait également appel à leur vaste expertise des services d’ingénierie et des opérations minières souterraines pour améliorer la productivité dans leurs deux mines existantes et pour développer davantage les opérations en limitant les investissements.

3) Dans la mine de diamants Merlin, en Australie, la totalité des pierres a été traitée, et ce afin d’améliorer la production. La machine de tri XRT sert à transformer le premier minerai de kimberlite. La nouvelle machine de transmission de rayons X (XRT) Tomra est prévue pour l’extraction des gros diamants.

4) En matière de développement technologique, ALROSA a déposé de nombreux brevets de R&D (Rospatent) en 2016 et 2017.

Scientific Research Exploration Company, une filiale d’ALROSA, a développé une méthode innovante pour prédire un contenu en kimberlite en s’appuyant sur une étude approfondie de la minéralisation de la kimberlite post-magmatique secondaire et des roches hôtes, ainsi que les produits de dégradation de la kimberlite.

ALROSA, après d’être associée au Technological Institute for Super Hard and Novel Carbon Materials, a développé une série d’appareils innovants pour analyser le taillé et les bijoux en diamants. Une machine, appelée ALROSA Diamond Inspector, est capable d’analyser les diamants naturels taillés, ainsi que les diamants traités et synthétiques ou les imitations comme le zircon cubique, la moissanite et d’autres.

5) Une première dans l’industrie, l’appareil SQUID (Superconducting Quantum Interference Device) de De Beers est doté d’une technologie aéroportée adaptée aux endroits où les systèmes traditionnels de sondage ont du mal à se rendre. Le SQUID enregistre les changements dans les composantes du champ magnétique de la Terre, selon différentes directions. Son premier sondage test, effectué dans le Cap-du-Nord, en Afrique du Sud, a détecté une anomalie qui s’est ensuite révélée être de la kimberlite.

Innovation dans le secteur de la fabrication de diamants

Depuis plusieurs dizaines d’années, le secteur de la fabrication a réalisé des avancées technologiques extraordinaires pour faire progresser l’industrie. Entre méthodes anciennes et installations de fabrication high-tech, l’industrie a parcouru un long chemin…

6) En dehors des nombreuses technologies diamantaires comme Sarine Advisor™, le système de présentation des diamants Sarine Profile™, DiaMension™, etc., Sarine Technologies a participé à l’introduction de la technologie dans le secteur de la fabrication en lançant récemment le système Meteorite™ pour la cartographie des inclusions des très petites pierres brutes de moins de 0,35 carat.

7) L’appareil de tri Automated Melee Screening de De Beers fonctionne au rythme d’une pierre par seconde, ce qui accroît la productivité. Le laboratoire de certification de Surat, en Inde, qui a la capacité de traiter chaque année plus de 500 millions de dollars de diamants, propose aussi des services comme la détection des synthétiques, imitations et traitements. La série d’appareils actuelle comprend DiamondSure, DiamondSure Mount, DiamondView, DiamondPlus et l’Automated Melee Screening (AMS), ainsi que PhosView.

Innovation dans la publicité

La publicité a fait partie de l’industrie depuis l’époque où De Beers est entrée en scène.

8) De Beers et sa campagne de promotion générique ‘A Diamond is Forever’ ont soutenu l’industrie pendant de nombreuses années. C’est désormais sa marque Forevermark qui poursuit les campagnes publicitaires mais en se concentrant sur sa propre marque.

9) La DPA (Diamond Producers Association) a maintenant pris sur elle de faire la promotion des diamants grâce à des campagnes publicitaires sur les grands marchés de consommation que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde, etc.

Innovation dans les ventes et le marketing

Nouveauté un peu tardive dans l’industrie, les activités de ventes et marketing ont pris de l’ampleur au fil des années, parallèlement au développement de l’industrie. L’industrie mondiale des diamants et des bijoux a grandi par à-coups et, à chaque fois, a eu besoin d’améliorer le ‘marketing’ de ces articles de luxe de façon professionnelle…

10) La première initiative Blockchain de De Beers Group favorise la confiance dans les diamants et dans l’industrie diamantaire en garantissant que tous les diamants enregistrés soient naturels et éloignés des conflits. Le groupe collabore avec des leaders de l’industrie et de la technologie pour s’assurer que la plate-forme soit intégrante et réponde aux besoins de tous les utilisateurs.