La National Bank of Fujairah (NBF), une banque de Dubaï prévoit d’ouvrir un bureau de représentation à Anvers, dans une volonté de capitaliser sur la baisse de financement que subit le secteur diamantaire de la ville belge.

« J’insiste depuis longtemps sur cette initiative car nous avons ici l’occasion de pouvoir sélectionner certains clients », a expliqué Davy Blommaert, responsable des prêts diamantaires chez NBF, à Rapaport News en marge de la Dubai Diamond Conference mardi 17 octobre.

Davy Blommaert a participé à une mission d’enquête à Anvers en juin, accompagné du PDG de la NBF et d’autres dirigeants de la banque afin d’étudier les opportunités de servir l’industrie diamantaire d’Anvers.

Il a remarqué qu’un espace avait été laissé vacant, les banques européennes ayant réduit leurs prêts au secteur diamantaire: la Banque diamantaire anversoise (ADB) a fermé ses portes et Standard Chartered Bank a renoncé à prêter à ce marché.

La délégation de la NBF a rencontré des représentants de la Banque centrale de Belgique, le Antwerp World Diamond Centre (AWDC) et des clients potentiels. Davy Blommaert prévoit une ouverture de l’agence au premier trimestre 2018. Cela lui permettra de servir des sociétés installées à Anvers avec des prêts en dollars à Dubaï.

La NBF a ouvert son agence spécialisée dans les diamants en 2015 et d’après Davy Blommaert, elle a depuis régulièrement obtenu des parts de marché, se classant, derrière ABN AMRO, deuxième plus grand prêteur au marché diamantaire de Dubaï. Avec la consolidation de l’entreprise à Dubaï, Davy Blommaert affirme que son essor à Anvers est un test avant une possible installation sur d’autres marchés.

Il a toutefois averti que l’industrie mondiale apparaissait toujours comme un secteur à haut risque et que de nouveaux regroupements et faillites étaient à prévoir. La récente défaillance majeure d’Exelco, fabricant installé à Anvers, avec un endettement de 50 millions à 100 millions de dollars, a exacerbé les craintes du secteur bancaire international, d’après les dires de participants à la Dubai Diamond Conference.

Beaucoup ont évoqué une absence de rentabilité dans le secteur de la fabrication, due à l’écart perçu entre les prix du brut et du taillé. Pourtant, les ventes de brut ont été stables cette année alors que la demande de taillé a continué de stagner, entraînant une hausse des stocks de taillé dans la filière intermédiaire, a fait remarquer Davy Blommaert.

« Il y a trop de diamantaires en concurrence pour le brut. Cela les a amenés à payer des premiums superflus », a-t-il affirmé.

Erik Jens, responsable de l’unité bijoux et diamants chez ABN Amro, a ajouté que le marché était financé à l’excès par les banques, une situation qui permet ces achats de brut. Alors que l’endettement bancaire mondial de l’industrie diamantaire est estimé aux environs de 15 milliards de dollars, Erik Jens a estimé que seule la moitié de cette somme était véritablement nécessaire.

Pour des raisons similaires, les fabricants et les négociants de la filière intermédiaire se retrouvent avec une forte exposition des stocks. « Il va falloir faire le ménage et je pense que nous assisterons à plus encore de consolidations dans les années à venir, a expliqué Davy Blommaert. À côté de cela, il y a de bonnes sociétés qui ont du mal à obtenir des financements et que nous pouvons aider. »