Les Etats-Unis sortent du dit accord de Paris sur le climat. Le président Donald Trump l’a annoncé en juin.

Quand j’observe évolution du monde, un principe important me manque, à savoir le principe de précaution. Lorsque nous utilisons la nature et l’environnement, nous devons être certains de ne causer de dommages irréversibles.

Ci-dessous j’examine plus en détail les motifs officiels derrière la décision des États-Unis en ce qui concerne l’accord sur le climat à Paris.

« Accord de Paris sur le climat punit les Etats-Unis »

 » Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens, les Etats-Unis se retireront de l’accord de Paris sur le climat « , a annoncé Donald Trump depuis la roseraie de la Maison Blanche, sous les applaudissements. Il a redit qu’il ne  » voulait rien qui puisse se mettre en travers  » de son action pour redresser l’économie de la première puissance mondiale.  » Je ne peux pas, en conscience, soutenir un accord qui punit les Etats-Unis (…). J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris « , a-t-il insisté, ajoutant que son pays était prêt à négocier un nouvel accord climatique.
Donald Trump s’était engagé à abandonner un accord multilatéral scellé fin 2015 dans la capitale française et voulu par son prédécesseur Barack Obama, qui vise à limiter la hausse de la température moyenne mondiale. Ce dernier a aussitôt jugé dans un communiqué que son successeur  » rejetait l’avenir « .

Retrait des Etats-Unis de cet accord de Paris sur le climat – La Californie signe des accords climatiques avec le gouvernement chinois.

accord-de-paris-sur-le-climat-Jerry-BrownLe gouverneur de la Californie, Jerry Brown, a rencontré le président chinois Xi Jinping dans le cadre d’un voyage témoignant de l’engagement de cet état américain en faveur de l’action climatique. M. Brown a signé des accords qui approfondissent la coopération de l’état avec la Chine dans la foulée de l’annonce par le président américain Donald Trump du retrait des USA de l’accord de Paris sur le climat, a annoncé le cabinet du gouverneur dans une déclaration.

M. Brown et le ministre chinois de la Science et de la technologie, Wan Gang, ont signé un accord sur les technologies vertes. « J’ai proposé que la Californie réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport aux niveaux de 1990, et que 50% de notre énergie provienne de sources renouvelables« , a affirmé le gouverneur au président chinois durant leur réunion de 45 minutes. « Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d’un partenariat étroit avec la Chine – avec nos commerces, nos provinces, nos universités. »

La Californie fait partie de la centaine de signataires de la lettre « We Are Still In », diffusée en référence à l’Accord de Paris. Des Etats américains, des villes, des entreprises, des investisseurs ont signé cette lettre pour témoigner de leur engagement envers l’accord de Paris.

Retrait de l’accord de Paris sur le climat – les grandes entreprises américaines consternées

Le premier geste symbolique est venu d’Elon Musk, le PDG du constructeur de voitures électriques Tesla, et de Robert Iger, le patron de Disney, qui ont immédiatement démissionné du groupe de dirigeants d’entreprises qui conseille M. Trump. Se mettre ainsi en marge « n’est pas bon pour l’Amérique et pour le monde« , a insisté le premier, tandis que pour le second, cette démission est une « question de principe« .

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La décision de M. Trump a aussi incité Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, à écrire son premier Tweet, sept ans après s’être abonné au réseau social. « La décision d’aujourd’hui est une régression pour l’environnement et pour le leadership des Etats-Unis dans le monde« , a-t-il écrit.

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De Microsoft à General Electric en passant par Coca-Cola, Ford ou Apple, la plupart des grands groupes se disent consternés. Même les pétroliers Chevron ou ExxonMobil, qui sont pourtant souvent pointés du doigt par les défenseurs de l’environnement, ont pris la défense de l’accord de Paris.

« Les entreprises savent que le changement climatique a un impact direct sur leur modèle économique et leurs bénéfices à moyen terme« , souligne Gerald Maradan, le fondateur d’EcoAct, une entreprise présente à New York qui conseille les entreprises sur ces problématiques. « Aux Etats-Unis, des secteurs comme l’industrie agroalimentaire, le textile ou la cosmétique sont désormais très vigilants sur l’impact que peut avoir le réchauffement de la planète sur leur approvisionnement en matières premières, tandis que les vagues de chaleur ou les inondations peuvent avoir des conséquences économiques énormes sur l’ensemble des entreprises. »

25 grandes entreprises ont récemment publié une lettre ouverte dans les pages publicitaires du New-York Times, du Wall-Street Journal et du New-York Post pour demander au président américain de rester dans l’accord de Paris. Parmi les signataires, figurent Adobe, Facebook, Microsoft, Morgan Stanley ou encore Schneider Electric.

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Les faits et arguments cités par le président Trump sont-ils corrects?

Au cours de la conférence de presse Trump a donné un certain nombre de raisons pour la fin de l’accord sur le climat. Mais il a utilisé des données controversées. Voici les principaux arguments de Trump et ce qu’il y à dire à ce sujet.

« Accord de Paris sur le climat provoque des pertes d’emplois aux États-Unis »

Trump a suggéré que si les États-Unis s’y tient « 2,7 millions d’emplois vont être perdus dans la période jusqu’en 2025, selon National Economic Research Associates. »

L'accord de Paris sur le climat-mines

Le rapport auquel fait référence que Trump a été fortement critiqué par les groupes environnementaux. Selon le World Resources Institute, le rapport NERA est basé sur un scénario dans lequel l’industrie des États-Unis est obligé de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% en 20 ans toute seule. Le rôle des autres secteurs dans la réduction des émissions de CO2 ne sont pas inclus dans l’analyse.

L’analyse de NERA suppose également une innovation très limitée dans le domaine des énergies renouvelables. Selon le National Resources Defense Council il est bien plus probable que l’innovation des technologies propres va s’accélérer. Depuis l’année dernière, le coût de l’énergie solaire par exemple, a déjà baissé de 8 pour cent.

L’industrie solaire a émergé comme moteur de l’emploi faisant ombre à l’industrie du charbon. Un récent rapport de l’Agence internationale des énergies renouvelables estime que le nombre d’emplois dans l’industrie solaire en 2016 a augmenté à peu près 17 fois plus vite par rapport à l’ensemble de l’économie américaine.

« Accord de Paris sur le climat a bien peu d’effet sur le réchauffement climatique »

Trump a également suggéré que l’accord sur le climat de Paris entraîne une légère diminution des températures mondiales.

« Même si l’accord de Paris est pleinement mis en œuvre par tous les pays, la température mondiale baisserait seulement de deux dixièmes d’un degré à l’automne de l’année 2100, ce qui est bien peu. Une différence mineure. »

Une analyse détaillée de l’influence de l’Accord de Paris montre que les chiffres auxquels Trump fait appel sont incorrects.

L'accord de Paris sur le climat-effets

Tout d’abord: la température de la terre est en hausse de toute façon; dans aucun scénario il n’est question d’une baisse. Mais supposons que Trump parle de la différence entre les scénarios avec et sans l’accord de Paris.

En restant dans le statu quo, le scénario dans lequel les tendances du passé sont extrapolées vers l’avenir, l’augmentation de la température moyenne attendue est de 4,2 degrés Celsius d’ici à 2100. Si tous les pays respectent leurs engagements de l’Accord de Paris, la température moyenne augmenterait de 3,3 degrés d’ici à 2100, donc  – 0,9 degrés et non pas -0,2 degrés.

Pour la terre dans son ensemble cette différence de 0,9 degrés Celsius est énorme. Depuis la révolution industrielle, la température moyenne mondiale a augmenté de 0,99 degrés Celsius selon la NASA. C’est à peu près équivalent à la différence de 0,9 degrés que peut produire l’accord de Paris sur le climat.

Nous voyons déjà des changements dramatiques sur la planète. Même une différence de 0,2 degrés est non négligeable – il s’agit d’environ 20% de la croissance que nous avons connu depuis la révolution industrielle.

« L’accord climatique de Paris nuit à l’économie américaine »

Trump a également déclaré que l’accord de Paris sur le climat est néfaste pour l’économie américaine. « Le revenu national sera inférieur de 3000 milliards $, 6,5 millions d’emplois industriels disparaissent et les ménages auront 7000 $ de revenu en moins par année, et souvent pire encore. »

Trump n’a indiqué aucune source pour ces chiffres. Le 29 avril, il a mentionné un montant de 2,500 milliards $ en matière de réduction du revenu national. Le site web non partisan Factcheck.org a examiné cette question.

Le porte-parole de la Maison Blanche Steven Cheung fait référence à un rapport de la très conservative Heritage Foundation, datant d’avril 2016. Factcheck.org a soumit cette analyse de la fondation à l’économiste Robert C. Williams III, qui a indiqué que l’analyse est correcte, sur base de la méthode utilisée.

L’organisation Resources of the Future, où Williams travaille, explique cependant que beaucoup dépend de la prise en charge du niveau de la taxe sur le CO2. Cette organisation estime par exemple que les objectifs climatiques de Paris peuvent être atteints avec une taxe sur le CO2 de 21,22 $ pour l’année 2025. Dans cette hypothèse, le dommage au revenu national des États-Unis serait, d’ici à 2025, entre 0,1 % et  0,35 %.

« Accord de Paris sur le climat comporte des risques sérieux de pannes d’électricité »

L’accord sur le climat de Paris comporte également, d’après Trump, de sérieux risques de pannes d’électricité. Le président a laissé entendre que les États-Unis doivent utiliser toutes les sources d’énergie disponibles, y compris les combustibles fossiles, pour répondre à la demande d’électricité.

L'accord de Paris sur le climat-production-energie

En réalité, il est vrai que les principales causes de pannes d’électricité sont des conditions climatiques extrêmes (atmosphériques et tempêtes solaires), des animaux, des chutes d’arbres, des pannes d’équipement, les tremblements de terre, l’excavation et la foudre. En outre, la demande d’électricité de pointe peut provoquer une défaillance, mais cela ne se produit généralement que sur les très chaudes journées d’été. L’offre inadéquate de courant ne joue aucun rôle significatif.

Trump a également ignoré l’impact du réchauffement climatique sur la demande d’électricité, comme l’augmentation de l’utilisation de la climatisation. Son gouvernement a tenté de bloquer la mise en place de nouvelles normes d’efficacité énergétiques, et est revenu sur cette décision lorsqu’un groupe d’États américains a mis en accusation le gouvernement fédéral.

« Les États-Unis paient proportionnellement bien trop pour le Green Climate Fund »

Trump a affirmé que les États-Unis devraient financer une partie trop importante de la dite Green Climate Fund: il s’agit du financement de mesures environnementales dans des pays pauvres par les pays riches.

L'accord de Paris sur le climat-solaire

« Nous allons débourser des milliards et des milliards de dollars avant que quelqu’un d’autre n’ait fait quoi que ce soit. De nombreux autres pays n’ont rien fait. Et beaucoup ne vont jamais payer un sou« , a déclaré le président.

Les États-Unis ont promis 3 milliards $ au fonds. Ce montant est en effet plus que tout autre pays. Ce que dit Trump ici n’est  pas complètement absurde.

Mais les Etats-Unis sont responsables d’environ un tiers du CO2 jusqu’à présent libéré dans l’atmosphère, ce qui rend logique que le pays apporte une plus grande contribution au fonds.

De plus, si l’on fait le compte par habitant, par exemple, la contribution du Luxembourg est la plus élevée: 93,60 dollars par habitant. La Suède est, sur base de ce critère à 60,54 $ par habitant. Pour les États-Unis… il ne s’agit que de 9,30 $ par habitant.

Sylvain Goldberg: "Il est regrettable de constater que la nature parle, mais qu'une partie de l'humanité ne l'écoute pas."

Sylvain Goldberg: « Il est regrettable de constater que la nature parle, mais qu’une partie de l’humanité n’est pas à son écoute.«