Au premier trimestre, les diamants bleus ont obtenu de meilleurs résultats que les autres couleurs fantaisie. Une forte demande pour les pierres rares a continué à stimuler les prix, d’après la Fancy Color Research Foundation (FCRF).

L’indice des prix pour les diamants de couleur fantaisie bleus a progressé de 1,9 % par rapport au trimestre précédent et bondi de 5,7 % par rapport à l’année dernière, a déclaré la FCRF mardi 25 avril. Ce chiffre est à rapporter à la hausse de 0,2 % des prix de tous les diamants de couleur fantaisie depuis le trimestre dernier, soit 0,7 % en glissement annuel.

« Les Fancy Intense Blue et les Fancy Vivid Blue, très convoités, sont difficiles à trouver sur le marché. L’intérêt et la demande pour ces catégories ne cessent de croître, a indiqué Eden Rachminov, président du conseil consultatif de la FCRF. Cette tendance devrait se poursuivre pendant une grande partie de l’année 2017 car les propriétaires réagissent aux pénuries de l’offre par des hausses de prix. »

Les prix des diamants de couleur fantaisie jaunes ont perdu 0,2 % par rapport au quatrième trimestre 2016 et reculé de 2,5 % en glissement annuel. Leurs équivalents roses ont également plongé de 0,2 % par rapport à la période précédente mais regagné 0,8 % par rapport à il y a un an.

Dans tous les segments de couleurs, les diamants étiquetés « Fancy Intense » ou « Fancy Vivid » ont pris de la valeur, partiellement compensée par des baisses pour les diamants simplement étiquetés « Fancy », a expliqué la fondation.

L’indice des diamants de couleur fantaisie de la FCRF suit les données tarifaires des diamants de couleur fantaisie jaunes, roses et bleus à Hong Kong, New York et Tel-Aviv.

Diamant bleus: des pierres rares et chères

Les diamants bleus ont beau être des diamants, la rareté de leur couleur dans la nature en font une pierre précieuse bien plus chère que les classiques diamants blancs. Ceci explique que les diamants bleus défraient régulièrement la chronique, battant chaque fois des records de prix lors de ventes aux enchères.

Les diamants bleus doivent leur couleur à la présence de Bore au cœur de sa structure, requérant par conséquent des conditions géophysiques particulières permettant leur formation. Ce qui explique que seules trois mines au monde produisent l’essentiel de la production de diamants bleus naturels:

  • Argyle Mine en Australie
  • Culligan Mine en Afrique du Sud
  • Golonconda Mine en Inde

Diamants bleus célèbres: le « Hope »

Le diamant ovale «Hope» de 45 carats est le plus gros des diamants bleus connu à ce jour. À l’instar d’autres diamants bleus célèbres, celui-ci fut vendu, volé, légué et retaillé. Il appartient aujourd’hui au Smithsonian Institution de Washington où il est exposé et attire chaque année plus de six millions de visiteurs, c’est la pièce la plus admirée au monde après la Joconde. Pourtant, toutes les personnalités qui l’ont eu entre les mains ont été frappées par le malheur, de la reine Marie-Antoinette au descendant du banquier Henry Philip Hope auquel il doit son nom, en passant par la riche américaine Evalyn Walsh MacLean.

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Le «Hope» reste aujourd’hui un mystère pour les scientifiques et chercheurs de la Smithsonian Institution qui tentent d’interpréter les particularités de ce diamant telle sa phosphorescence rouge et d’expliquer son caractère maudit. Ce diamant proviendrait selon certains chercheurs d’une mine située dans le nord d’Andhra Pradesh, dans la région de Golconde en Inde. La légende raconte qu’un mineur indien le trouva au XVIIème siècle dans des graviers bordant la rivière Krishna et qu’il le plaça sur une statue de la déesse Sita. L’explorateur Jean-Baptiste Tavernier se rendit en Inde pour la 6ième fois en 1663 et au cours de son voyage acheta le diamant bleu non taillé de 112 carats. Il le montra à Louis XIV à son retour en France. Le Roi Soleil donna le diamant bleu au grand joaillier de l’époque, Jean Pittan, qui mit deux ans à le tailler et le réduisit à 68,5 carats. Véritable trésor de la couronne de France et baptisé « Bleu de France », Louis XV le fit monter sur l’insigne de sa toison d’or. Lors de la Révolution Française, le « Bleu de France » fut confisqué et exposé au Garde Meuble National au côté du « Régent » où il fut volé en 1792. Il aurait été emmené en Angleterre pour y être retaillé. Vingt ans et deux jours après le vol, soit la durée de prescription du délit, un diamant de 45 carats fut mis en vente, le banquier anglais Sir. Henry Philip Hope l’acheta et le nomma «Hope». En 2005 des scientifiques de la Smithsonian Institution ont reconstitué le «Bleu de France» dans un moule en cire et l’ont comparé au «Hope», ils auraient ainsi démontré que ce dernier proviendrait du «Bleu de France».

Lord Francis Hope, descendant du riche banquier, en hérita en 1887, mais le train de vie soutenue de sa femme ne tarda pas à réduire sa fortune à néant et il se vit dans l’obligation de vendre son diamant bleu pour combler ses dettes.

Au début du XXème siècle, le «Hope» appartenait à la maison Cartier qui le vendit en 1911 à une riche américaine Evalyn Walsh MacLean. Cette dernière fit quelques années plus tard l’expérience de la malédiction du «Hope», et perdit deux enfants. À sa mort, ses héritiers vendirent les joyaux et les autres trésors de cette femme extravagante dont le «Hope» au joaillier des stars, Harry Winston. Ce dernier le donna en 1958 au National Museum of Natural History du Smithsonian à Washington.

En 2010 pour célébrer le 50ième anniversaire de sa donation, Harry Winston fit poser temporairement le « Hope »sur une monture choisie par le public américain, “Etreindre l’espoir”, composée de 450g de platine et de plus de 300 diamants baguettes.

Diamants bleus célèbres: le « Wittelsbach »

Le diamant Wittelsbach, aussi connu sous le nom de Der Blaue Wittelsbacher, est un diamant de couleur bleu-gris intense, pesant initialement 35,56 carats et d’une pureté VS2. Il fit successivement partie des joyaux de la couronne d’Autriche et de Bavière1.

Le 10 décembre 2008, le Wittelsbach devient le diamant le plus cher jamais vendu en atteignant 16,4 millions de Livres sterling lors d’une vente aux enchères de Christie’s2. Le bijoutier Graff, qui a réalisé cette acquisition, a fait retailler ce diamant afin d’améliorer sa valeur marchande. Le pierre obtenue, baptisée Wittelsbach-Graff, présente une pureté parfaite et une couleur bleu intense, mais a perdu 4 carats.

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Les origines du diamant remontent au xve siècle : comme nombre de diamants royaux antérieurs à 1723 (le Koh-i Nor, le Régent, l’Orloff…), il proviendrait soit d’une mine indienne de Golconde dans la principauté d’Hyderâbâd, soit d’une mine de l’État du Bihar.

Le diamant fut acheté en 1664 par le roi Philippe IV d’Espagne qui l’inclut dans la dot de sa fille adolescente, l’Infante Marguerite-Thérèse d’Autriche. Après sa mort, son mari, Léopold Ier du Saint-Empire conserva la pierre, qui resta dans sa famille jusqu’en 1722, année où sa petite-fille, Marie-Amélie d’Autriche épousa Charles VII du Saint-Empire, un membre de la maison Wittelsbach.

En 1745, le diamant des Wittelsbach fut monté sur le collier du grand-maître de l’ordre autrichien de la Toison d’or. Quand, en 1806, Maximilien Ier de Bavière devint le premier roi de Bavière, il commanda une couronne royale dont le diamant bleu était la pièce centrale. Celui-ci resta sur la couronne bavaroise jusqu’en 1918. Sa dernière apparition publique fut en 1921, lors des obsèques officielles de Louis III de Bavière.

Le diamant disparut donc bien après la Première Guerre mondiale mais resta dans le giron de la famille princière des Wittelsbach. Il réapparut en 1931, quand Christie’s essaya de vendre — sans succès — le diamant aux enchères au nom des Wittelsbach, connaissant des problèmes de trésorerie au moment de la Grande Dépression. Les Wittelsbach réussissent à le vendre en 1951 et la pierre est exposée à Bruxelles en 1958.

En 1961, le diamant refait surface lorsque Romi Goldmuntz, héritier d’une célèbre famille de négociants en diamants, sollicita Joseph Komkommer, un diamantaire d’Anvers, pour retailler une pierre. Celui-ci, devinant l’importance exceptionnelle du diamant, refuse dans un premier temps. Puis, reconnaissant le diamant historique des Wittelsbach, il l’achète £180,000 en s’associant avec d’autres négociants belges et américains. Il fut vendu en 1964 à un bijoutier de Hambourg.

Le 10 décembre 2008, le Wittelsbach atteint la somme record de 16,4 millions de Livres sterling lors d’une vente aux enchères de Christie’s et est cédé au bijoutier londonien Laurence Graff. Cette somme ne fut dépassée que deux ans plus tard, lorsque le même bijoutier fit l’acquisition du Graff pink, un diamant rose de 24,78 carats payé 46 millions de dollars.

Le nouveau propriétaire, peu après son acquisition, a indiqué qu’il allait faire retailler le diamant afin d’éliminer des dommages de surface, d’améliorer l’éclat de la pierre et d’accroître de deux nuances l’intensité de sa couleur. Le bijoutier Graff entendait ainsi accroître la valeur de cette gemme en lui donnant « plus de vie et de couleur tout en la rendant intérieurement impeccable ».

Cette vision commerciale du joaillier a suscité une controverse car la taille ancienne du Wittelsbach était d’excellente qualité (la rencontre des facettes photographiée par Christie’s en X30 indiquait que la taille était parfaite). Par ailleurs, cette taille originelle était un témoignage historique majeur concernant les techniques de l’époque baroque (au même titre que pour des pierres historiques telles que le Régent). Le joaillier Graff a d’ailleurs décidé de rebaptiser le diamant «Wittelsbach-Graff» pour tenir compte de la filiation de cette gemme.

Le 7 janvier 2010, est annoncée la finalisation de la taille du Wittelsbach. Une amélioration de la couleur et de la pureté a été obtenue, au détriment d’une perte de 4,45 carats5 (890 mg). La pierre obtenue, rebaptisée Wittlesbach-Graff, ne présente plus les défauts de surface liés à l’histoire du bijou: sa pureté VS2 est devenue IF5, c’est-à-dire sans défaut. Cette nouvelle taille a également permis une réévaluation par le Gemological Institute of America de sa couleur, passée de Fancy Deep Grayish Blue à Fancy Deep Blue. La disparition de la nuance grisâtre est due à une coupe améliorant le trajet de la lumière, mais répond surtout à la mode moderne aux diamants présentant les teintes les plus profondes.

Ainsi retaillée, la pierre a été vendue en 2011 à un client chinois anonyme, pour un montant non communiqué.

Les diamants bleus sont rares et beaucoup plus petits que les autres diamants. Le poids du Wittelsbach était et reste exceptionnel : avec 35,56 carats, il était le 3e plus gros diamant bleu connu dans le monde, après le Hope (45,52 carats) et le Tereschenko (42,92 carats). Le poids du Wittlesbach-Graff est maintenant de 31,06 carats.

Le Wittelsbach mesurait 24,40 mm de diamètre et 8,29 mm de haut. Il présente une taille en brillant inhabituelle et asymétrique à 82 facettes: les facettes étoiles de la couronnes sont verticales et le pavillon comporte seize facettes triangulaires appairées s’appuyant sur une large colette.

Le diamant d’origine, avait un indice de pureté VS2 type IIb. VS2 signale la présence de très petites inclusions difficilement visibles à la loupe 10 X, qualité très appréciée des souverains européens. Le type IIb, qui caractérise sa pureté chimique, ne concerne que 0,1 % des diamants existants. Le Wittlesbach-Graff a été certifié d’une pureté parfaite IF, et d’une couleur Fancy Deep Blue, la même que celle du célèbre Hope, bien que ces deux diamants ne soient pas issus de la même pierre.